Cinquième et dernière conférence du cycle Darwin, présentée par le Pr Serge Aron (ULB) le 26 novembre 2009 à l’UMONS.

L’apparition de la coopéra­tion et de la vie sociale au sein du règne ani­mal est con­sid­érée comme une tran­si­tion majeure de l’évolution, au même titre que le pas­sage de la repro­duc­tion asex­uée vers la sex­u­al­ité ou celui des uni­cel­lu­laires aux eucary­otes. Bien qu’elle soit plus rare que la vie soli­taire, la coopération est observée dans presque tous les groupes zoologiques, tant chez les invertébrés que chez les vertébrés. Elle s’étend des sim­ples effets de groupes, comme le har­cèle­ment d’un pré­da­teur com­mun à plusieurs espèces cohabitantes, jusqu’à la man­i­fes­ta­tion de com­porte­ments altru­istes par lesquels cer­tains indi­vidus sac­ri­fient leur pro­pre repro­duc­tion – voire par­fois leur vie – au béné­fices d’autres indi­vidus du groupe. L’existence de com­porte­ments altru­istes con­stitue un para­doxe majeur dans le cadre de Evolution. Com­ment expli­quer que des com­porte­ments ayant pour objet un sac­ri­fice dans la repro­duc­tion soient main­tenus au cours de l’Evolution, alors même que le principe de la sélec­tion naturelle favorise les indi­vidus qui se repro­duisent le mieux et trans­met­tent le plus grand nom­bre de copies de leurs gènes dans les généra­tions futures ? A l’heure actuelle, la sélec­tion de la par­en­tèle est l’explication la plus con­va­in­cante pour jus­ti­fier l’évolution d’actes altru­istes chez les ani­maux. Ce con­cept repose sur le principe de l’égoïsme géné­tique : les com­porte­ments altru­istes pro­curent en réal­ité un béné­fice géné­tique direct ou indi­rect à leurs auteurs. Para­doxale­ment, cette théorie jus­ti­fie aussi par­faite­ment les con­flits sou­vent meur­tri­ers qui sur­gis­sent entre indi­vidus partageant à une même société !

Par Serge Aron (ULB) (2009)


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