Quatrième conférence du cycle Nucléaire qui a eu lieu à l’Université de Mons de janvier à mars 2012.
« Les effets des catastrophes nucléaires sur la santé humaine, y compris ceux provoqués par les bombardements sur Hiroshima et Nagasaki, ne se sont dévoilés que progressivement, à mesure que le temps passait. Leurs découvertes successives ont été à l’origine, encore tout récemment, de renforcements des normes de radioprotection. Les effets de l’accident de Tchernobyl, survenu il y a 25 ans, n’échappent pas à cette règle. Ils ont été réévalués à la hausse il y a quelques mois à peine par les experts EURATOM. Alors que l’irradiation par les bombes atomiques a été essentiellement externe et aigüe, celle provoquée par Tchernobyl a été (et est toujours) en bonne partie interne et chronique (en tout cas en ce qui concerne la population). Vu le caractère inédit de cette situation, un suivi à long terme sera donc indispensable et, outre les cancers radio-induits, une attention particulière devra être portée aux effets de l’irradiation prénatale, à la morbidité infantile et aux effets héréditaires. L’exposé fera le point sur nos connaissances actuelles et éclairera une série de questions liées à l’exercice de l’évaluation scientifique en général et, plus spécifiquement, à l’expertise dans le domaine nucléaire où les conflits d’intérêt sont nombreux et les enjeux sociétaux importants. Enfin, la situation à Fukushima sera brièvement évoquée, même s’il est clair qu’il est trop tôt pour évaluer le coût sanitaire de cet accident.”
Patrick Smeesters est docteur en médecine, spécialisé en médecine du travail, et a travaillé comme expert et conseiller en radioprotection à l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire. Il est membre de plusieurs groupes d’experts internationaux sur les effets des radiations ionisantes et les normes de radioprotection, notamment le groupe d’experts de l’article 31 du Traité EURATOM, où il dirige le groupe de travail chargé d’identifier les implications de la recherche scientifique sur les normes de protection contre les radiations ionisantes. Il est également membre de la délégation belge à l’UNSCEAR, le comité scientifique des Nations Unies qui étudie les effets des radiations sur l’homme. Il enseigne à l’UCL et à l’ULB.